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A la fin de mars, il quittait Bruxelles dans un concert de louanges. Même ses détracteurs participaient à l’hommage, car, qu’on apprécie ou pas Michel Barnier, il ne faisait aucun doute que le Français, par deux fois commissaire, était un Européen convaincu. A 70 ans passés, il partait sur un succès, après avoir mené à terme, au nom des Vingt-Sept, les très difficiles négociations sur le Brexit avec Londres.
Moins de six mois plus tard, le même Michel Barnier, qui aimerait porter les couleurs du parti Les Républicains (LR) à l’élection présidentielle de 2022, a semé la consternation parmi ses plus fidèles soutiens dans la sphère européenne. Jeudi 9 septembre, à l’occasion des journées parlementaires des Républicains à Nîmes, ce gaulliste social revendiqué s’est en effet attaqué aux fondements mêmes de cette Union européenne (UE) qu’il a tant servie et qui lui a beaucoup donné.
« Il faut retrouver notre souveraineté juridique » sur la question des migrations, a-t-il lancé à l’auditoire, et ne pas être « menacés en permanence d’un arrêt ou d’une condamnation de la Cour de justice européenne ou de la Convention des droits de l’homme, ou d’une interprétation de notre propre institution judiciaire ». En substance, a résumé sa formation politique dans un tweet, Michel Barnier ne veut plus que les Français soient « soumis aux arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne ou de la Cour européenne des droits de l’homme ».
« Comment une telle phrase peut-elle avoir été prononcée par un Européen aussi engagé ? », s’est ému, auprès du site Politico, le secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Clément Beaune. Vendredi, la prestation de M. Barnier a en tout cas alimenté les conversations des ambassadeurs des Vingt-Sept auprès de l’UE, qui déjeunaient ensemble dans la capitale de la Slovénie, Ljubljana.
« Il va plus loin que les Polonais, qui contestent la primauté du droit européen ponctuellement ! [les tensions entre Varsovie et la Commission sur le sujet se multiplient]. Il vient de casser l’image qu’il s’était lui-même construite. Pas sûr que ce soit payant politiquement ! », constate l’un d’eux. A Bruxelles, même ses anciens collaborateurs ne cachent pas leur déception. « On est tous atterrés », confie un haut fonctionnaire européen, « c’est un naufrage, un pacte faustien ».
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